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Autour de la thématique plastique du squale, trois entretiens invitent à découvrir une vision.

 

Bienvenue dans un univers métaphorique, reflétant l’homme dans le miroir déformant du requin; prédateur absolu et sans pitié.

L’homme d’aujourd’hui assume le cours d’une histoire où la sauvagerie domine. Prédatrice, hybride de candeur et de lubricité, cette humanité est sur le point d’avoir fait son temps. Nous sommes en mutation. La technologie et le marché réparent les corps et prolongent la vie. Internet et les réseaux sociaux banalisent et mercantilisent.

 

Vers une civilisation plus humaine…

A l’extrême, les échanges humains. La civilisation monétariste s’essouffle et s’exquisse la possibilité d’une civilisation plus humaine. J’ai choisi de créer des oeuvres posant la question du devenir humain.

Face à une société qui paraît s’effondrer, il existe pourtant une lueur d’espoir…

« Je pense que l’avenir de l’Homme est beaucoup plus incertain que l’avenir de la planète. Ma réflexion est plus axée sur l’évolution de l’Homme et de sa survie. La capacité qu’a la vie, dans sa diversité, de perdurer est à mon avis beaucoup plus forte que nous ne le croyons. Je pense qu’il ne s’agit pas de sauver la planète mais de savoir vivre dans le respect de celle-ci, en prenant conscience que nous faisons partie d’un tout. Par ailleurs, c’est effectivement par le culturel que des corrections pourront être apportées à nos modes de fonctionnement actuels. Bien entendu, il est nécessaire d’avancer main dans la main avec les scientifiques, les économistes, les intellectuels et même les financiers. Nous avons la chance de bénéficier d’un outil permettant une mise en relation rapide et efficace entre les hommes : internet. Je pense que ce média peut nous aider à atteindre ce but. »

Ann GRIM, Extrait de l’ouvrage SHARK. Propos recueillis par Béatrice FERENCZI

A lire également: Ann Grim expose à l’Aquarium de Paris

Béatrice Férenczi & Thierry de Beaumont , qui ont collaboré à l’écriture du livre de Shark, nous dévoilent aujourd’hui leurs impressions sur l’ouvrage

 

On pourrait imaginer le livre d’Ann Grim, SHARK, scellé au fond des océans de la planète Terre. Le trésor remonté par des plongeurs chargés de l’épuration des eaux marines. Il serait d’abord étudié quant à sa dangerosité potentielle, retourné, pesé, scanné. Chaque page apparaissant sur un écran géant, avec traduction simultanée en 20 langues différentes, les photos seraient traitées en séquences continues, puis en profondeurs, avec une mise en abîme pour ne pas perdre de vue l’environnement céleste.

Des scientifiques le divulgueraient officiellement, telle une découverte singulière et planétaire. La question qui leur échappait était : comment avec une telle conscience universelle et vernaculaire, la planète avait continué à dériver vers l’extinction des Sharks et autres espèces ? Que s’était-il passé ?

La question dénommée Ann Grimm’s question était devenue une thématique abondamment débattue au sein de la cyber communication. Les enfants voulaient feuilleter des pages chargées de signes et de couleurs: I want the blue paper Sharks’ box Book with Ann Grimm´s collection / Je veux le livre bleu, la boîte requin en papier, je veux je veux toute la collection ANN GRIM´ S SHARKS.

Béatrice Férenczi, consultante à l’UNESCO, organisatrice d’expositions internationales

Il est lourd, encombrant, cher, délicat à lire, illisible ! Pourtant, en quelques heures, le stock de l’ouvrage Shark s’est entièrement écoulé lors d’une signature magique, festive, empathique au Drugstore Publicis, même pas en galerie ! De quoi renvoyer à leurs chères études les pingouins qui construisent les savants business plans de la culture et de l’édition. Un morceau d’Ann Grim dans un carton de boîte à pizza, comme si elle avait été enlevée par un ravissement qui demande cruellement rançon. Là est l’œuvre, là est l’artiste. Certains ont déjà encadré la couverture, d’autres le patinent en tentant d’ouvrir et de refermer le coffret, ce qui constitue un véritable exercice de manuel. Je pensais mettre ce jus de requin sous vide pour le relire plus tard, au hasard de l’âge. Mais il traîne de meuble en meuble, rétif à la congélation. Avec sa peau de rétine et son cœur de papier, c’est mon « pet » à moi, capricieux donc vivant. Il me tire par les yeux pour que je lui dise qu’il est beau. Couché Shark ! Non, je ne t’abandonnerai pas, ne te cèderai pas à un commissaire priseur… Là est sans doute l’art, dont la seule définition est de ne pas en avoir. Un ange qui passe sans être invité.

Thierry De Beaumont, journaliste et critique d’art, co-créateur du design culinaire, avec Marc Brettilot et du design végétal, avec Patrick Nadeau

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